Hommage à Jean Le Merdy par Ronan Olier
Jean Le Merdy fut mon professeur d’académie en première année aux Beaux Arts de Quimper et, en deuxième et troisième années mon professeur de peinture.
Je me souviens qu’il n’était pas très à l’aise ( pudeur, timidité ? ) dans les cours de nu. Nous ses élèves n’en menions pas large non-plus car les modèles c’était nous.
Jean Le Merdy fut mon professeur d’académie en première année aux Beaux Arts de Quimper et, en deuxième et troisième années mon professeur de peinture.
Je me souviens qu’il n’était pas très à l’aise ( pudeur, timidité ? ) dans les cours de nu. Nous ses élèves n’en menions pas large non-plus car les modèles c’était nous. Chacun à notre tour devions poser en slip et les filles pouvaient, par une dérogation incompréhensible pour nous les garçons, garder leur soutien-gorge.
De tout l’atelier c’était notre professeur le plus potache. Il avait chaque jour des idées nouvelles pour animer son cours. Ici, je n’en retiendrai qu’une seule pour ne pas faire trop long.
» Un matin nous découvrîmes qu’une affiche ( de grandes dimensions ; dans mon souvenir
2,50 x 1,20 m environ ) punaisée sur le mur de l’atelier informait de la prochaine exposition parisienne de notre directeur
ROBERT PAULO VILLARD suivait le thème , les dates l’adresse de la galerie, PARIS
Notre professeur saisit cette aubaine pour nous entrainer à la balistique. Il s’agissait, en file indienne, le bras tendu, un pinceau à la main de traverser la salle les yeux fermés pour atteindre la cible : le point sur le i de Villard. Certains ( espiègles ou maladroits )
barbouillaient à l’envi.
L’ambiance était à son acmé quand notre directeur ROBERT PAULO VILLARD entra dans l’atelier rouge de colère. Notre professeur, très gêné, jugeant notre comportement inexcusable assura notre directeur ROBERT PAULO VILLARD ( en nous faisant un discret clin d’oeil rassurant ) que des sanctions sévères seraient prises.
Pour ne pas quitter la peinture et l’enseignement on a pu constater que tous ses élèves cherchaient à peindre comme lui . Plutôt que de lui reprocher ce » laisser-faire », qui n’en était pas tout à fait un quand il nous tenait le poignet pour un petit » balayage oblique » nous aurions pu nous révolter ( c’était en 68 ) mais nous aimions notre grand timonier et nous admirions sa peinture.
Une peinture sans ciel, frontale, sensible , vigoureuse , très personnelle . Je me déplace toujours avec délectation dans cet univers qu’il nous donné à voir, à habiter, à jalonner, à respirer ; le miel des ajoncs, le goémon, la paille des granges , l’âtre, le coaltar sur les plates noires et les casiers, la tannée, la rouille, le minium, les harengs, les lampes à pétrole, l’écume, les fougères, les huitres, les araignées, les langoustines, les pommes pourries noires ……….
Pour ses 80 ans Jean et Maryvonne Le Merdy nous ont invité ( Patrick Camus et moi ) à nous joindre à leur famille et leurs amis chez lui rue Laënnec à Concarneau. Il nous a dit sa fierté d’avoir parmi ses élèves deux Peintres Officiels de la Marine .
Cet homme modeste et chaleureux est un grand peintre qui gardera de l’atelier de Jean Souverbie à l’ Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris la rigueur et la monumentalité de la composition.
Merci cher professeur, cher confrère pour ces moments passés près de vous, pour vos » souches brulées dans une haie », pour le » matin, vallée du Méros » , »Arbres en hiver » » Brabant et faneuse », » pruneliers », » primevères », » tempête au Cabellou », » le chantier Piriou », » champs d’algues à Larvor », » le moulin d’Aimée » ……
Vous êtes un rayon de soleil sur la lande .
Ronan Olier